Jusqu'ici, nous avons défini quelques champs de batailles pour un Web ouvert, et une stratégie orientée vers le « contrôlez-vous vous-même ». Voyons maintenant les services réels qui relient les gens entre eux sur le Web ouvert.
Alors que vous pouvez communiquer avec d'autres directement sur le Web, la tendance actuelle est aux services qui agissent comme des concentrateurs. Durant les premiers jours du Web, les e-mails, la messagerie instantanée, la navigation sur Internet étaient contrôlés par une seule personne sur son ordinateur. Vous contrôliez alors le partage et la participation. Maintenant, nous utilisons Facebook, des applications Google telles que GDocs, Twitter et un nombre incalculable d'autres services qui forment une informatique en « nuage ». Ce que fournissent ces sites privés, ce sont des boîtes noires dans lesquelles nous sommes invités à ajouter nos données.
Comme nous l'avons identifié dans le chapitre précédent, l'infrastructure logicielle invisible de l'Internet et du Web est construite sur du logiciel libre. De même, toutes les applications web les plus utilisées aujourd'hui sont construites sur le succès de technologies issues du logiciel libre. Mais elles ne respectent ni le code, ni les pratiques communautaires du développement de logiciel libre et ouvert. Comme nous avons établi que le désir d'un Web ouvert est un désir de conquérir votre propre autonomie, une bataille dont vous êtes l'enjeu, le Web ouvert ne pourra être libre tant que la couche d'applications ne sera pas libre elle aussi.
Facebook n'est qu'un bout de logiciel qui tourne sur le système d'exploitation GNU/Linux avec des milliers de serveurs travaillant ensemble, dans un centre de données extrêmement sécurisé, dans un bâtiment anonyme, et qui vous permet de vous connecter avec des gens. Facebook n'est pas un logiciel libre. On n'a pas la liberté d'exécuter, d'étudier ni de modifier le logiciel, ni de le redistribuer, ni de l'améliorer, ni même de faire remonter les changements désirés à une quelconque communauté. Au lieu de quoi, tout ce que l'on a le droit de faire est d'entrer, participer et (soi-disant) quitter Facebook.
Facebook ne pourra jamais être Votrebook. Facebook vous fournit quelques moyens de portabilité de vos données, mais si vous voulez utiliser ce service, vous devez utiliser leur interface de programmation (API). Elle n'est ni libre ni open source. Ce n'est PAS ouvert. Les API sont contrôlées par Facebook et peuvent changer à tout moment. Ces APIs sont « fauxpen » : faussement ouvertes.
Facebook est le chouchou dans le paysage des startups du Web. Ils ont beau changer de coupe de cheveux, avoir des vélos cool à pignon fixe et consommer des quantités de fruits défendus, les gens des startups du Web ont toujours la même culture, construite autour de la « minnovation » (innovation minimum). Construire sur du logiciel libre, verrouiller ses applications et rester discrètement propriétaire, telle est la voie dans laquelle se développe le Web actuel.
Cependant, les services par réseau sont différents du logiciel libre. De nombreux acteurs, dont Benjamin-Mako Hill de la Free Software Foundation et Tim O'Reilly de O'Reilly Books, ont soutenu à l'OSCON en 2009 que le logiciel libre n'est digne de ce nom que lorsque vous avez le contrôle de votre propre technologie. Les services par réseau étant une forme d'informatique de groupe, il faut repenser la façon d'appliquer les principes du logiciel libre pour faire un service par réseau libre.
Dans la section précédente « Vos droits et vos libertés », nous avons esquissé quelques principes qui vous permettent de choisir un Web ouvert. Se battre pour un Web ouvert nécessite aussi de se battre pour des services par réseau libre. C'est un combat pour un écosystème sain, pas uniquement pour vous-même, mais pour permettre à tous les individus autonomes de partager et communiquer clairement. Cette bataille consiste à ce que les gens travaillent ensemble pour construire des systèmes fédérés.
En mars 2008, beaucoup de défenseurs de premier plan comme Evan Prodromou de Status.Net, Mike Linksvayer de Creative Commons, Mako-Hill de la FSF et Bradley Kuhn du Software Freedom Law Center se sont réunis à Boston pour déterminer une voie à suivre dans la bataille pour le Web ouvert. L'état des lieux était peu réjouissant. Tous les sites internet du top 10, à l'exception de Wikipedia, étaient à même de compromettre grandement les libertés de l'utilisateur moyen à sa demande [2]. Dans presque chaque catégorie, l'autonomie des individus du Web est en danger/compromise. Comme Benjamin Mako-Hill le souligne [3]:
« La génération actuelle des services par réseau ou Logiciel comme Service (SaaS) peut fournir des avantages sur les logiciels traditionnels installés en local en termes de facilité de déploiement, collaboration, et agrégation de données. Beaucoup d'utilisateurs ont commencé à compter sur de tels services de préférence aux logiciels personnels ou à ceux de leur entreprise. Ce mouvement vers la centralisation a des effets puissants sur la liberté du logiciel et l'autonomie des utilisateurs ».
De cette rencontre à Boston est née la déclaration de Franklin Street [Voir le chapitre « Les ordinateurs des autres » -- NDT] puis le projet Autonomo.us, pour s'acheminer vers une définition de ce qu'est un Service par Réseau Libre. Même s'il est probablement trop tôt pour le définir complètement, un Service par Réseau Libre se caractérise par le choix de publier le logiciel utilisé par son service sous une licence libre, et de permettre à l'utilisateur de maîtriser ses données. On peut même considérer que le plus important pour cet écosystème est de prendre en compte les recommandations de support de cet écosystème.
Dans notre bataille pour un Web Ouvert, il est important de comprendre quels sont les services qui sont des Services par Réseau Libre. Alors que les services devraient représenter des turbos étonnants dans les fonctionnalités, ils peuvent être à votre désavantage, au détriment de votre indépendance et des personnes que vous connaissez.
Les développeurs de l'écosystème du Web ouvert doivent :
Votre fournisseur de service devrait choisir les Logiciels Libres pour leurs services. Ils devraient publier les modifications de leurs logiciels sous des licences libre comme la GPL ou l'AGPL. Et ils devraient autoriser la portabilité des donnés et l'indépendance des utilisateurs dans la construction de leurs systèmes. Ils devraient respecter votre indépendance et votre choix. Vous devriez être capable de contrôler vos données personnelles.
Nous voici en 2011, trois ans après la déclaration de Franklin Street et d'une certaine façon, et c'est un climat similaire au moment où Richard Stallman a fondé la Free Software Fundation pour les services par réseau. Malgré ce mouvement social et technique, l'espoir d'un Service par Réseau Libre s'envole pour les projets libres bénévoles le supportant comme Wikipédia et le lente mise en place de services fermés par les groupes désordonnés constituant les projets communautaires. [bancal]
Cependant, les startups web comme StatusNet sont en train de construire le Web social fédéré comme un Service par Réseau Libre, pas seulement comme un clone de Twitter. Evan Prodromou, fondateur de Status.Net résume dans son article de blog le Top 10 du Web Social Fédéré en 2010, le web social et l'espace de Service de Réseau Libre a été plus actif en 2010. [7]
Le développement le plus intéressant (comme dans un évènement, pas comme dans développement logiciel) a été Diaspora. Prodromou disait : « Dans le sillage du keynote F8 [Facebook], un groupe de quatre étudiants de l'Université de New-York a annoncé le lancement d'un projet pour crée un réseau social distribué. Contrairement à d'autres annonces de savants fous, ils ont réussi à trouver 100,000 USD pour démarrer le projet, avec un niveau d'attention à la technologie et aux médias classiques sans précédent ».
Mark Zuckerberg a donné ,000 USD [NDT : a priori, c'est faux, on sait que MZ a donné mais on ne sait pas combien] à Diaspora, le New York Times et la BBC ont fait une grande publicité en donnant Diaspora comme un tueur de Facebook. Cela pourrait être le visage d'un Service par Réseau Libre réel et durable. Cela pourrait être un service qui respecterait votre indépendance. Prodromou le surligne : « L'enjeu est grand pour Diaspora. Un échec cuisant pourrai être un énorme revers pour le Web social fédéré — surtout en détruisant ses ambitions pour le web des consommateurs. Une réussite resplendissante peut être le moteur d'un cycle vertueux de croissance ».
Dans les deux cas, vous avez des choix à faire dans le combat pour le Web ouvert. Les Services par Réseau Libre soutiennent votre autonomie.
http://autonomo.us/2009/11/autonomo-us-panel-explores-freedom-in-network-services-at-oscon-2009/^
http://www.alexa.com/topsites^
http://autonomo.us/2008/07/franklin-street-statement/^
http://www.gnu.org/licenses/agpl.html^
Généralement, la plupart suppose que Google n'apprécie pas la licence AGPL parce que Google et la majorité des autres entreprises de cette taille sont connues pour utiliser du logiciel libre et le cacher derrière un réseau de manière à ne pas avoir à donner le nouveau code source au public. Ceci est au delà de cette discussion, mais est un objet d'étude pour le moins intéressant.^
Si on peut tirer une leçon des luttes technologiques passés pour le futur, un bon business plan serait de sélectionner une de ces catégories et de la remplacer par un Service par réseau libre et en tirer un nouveau business plan. Ce sont essentiellement des catégories complètes qui requièrent un Service par réseau libre, comprenant les portails internet, les suites bureautiques, le social, les applications de création, la publication, et la distribution des outils, la prise en charge des « backend », l'hébergement de projets, les bases de connaissances, et beaucoup d'autres choses. Si vous êtes intéressé, veuillez visiter : http://autonomo.us/wiki/Wish_list^
http://status.net/2010/12/31/federated-social-web-top-10-of-2010^
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