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Pour un Web ouvert

Le matériel est un logiciel physique

 La séparation entre matériel et logiciel, c'est le mythe de l'extension de l'homme par la technologie. Le matériel est l'interface physique qui vous permet de manipuler la réalité plus finement qu'avec votre technologie humaine standard : un bras une jambe, une jambe un bras, et la tête.

Traditionnellement, lorsque nous pensons au matériel, nous pensons aux ordinateurs coûteux dans les magasins. On les achète, on les sort de leur boîte, on les branche et on double-clique sur un navigateur internet pour interagir avec le Web. C'est la magie du navigateur et du Web.

Concurrence

Il existe des centaines de dispositifs matériels différents qui nous permettent d'accéder au Web : ordinateurs de bureau ou portables, téléphones mobiles, netbooks et maintenant tablettes. Et tous ces dispositifs mettent en œuvre un type quelconque  de logiciel, souvent une interface générique virtuelle qui nous est familière, et nous permet d'accéder au savoir du monde entier et de le diffuser.

La bataille pour le Web ouvert est une bataille pour les personnes. C'est une bataille dont l'enjeu est votre attention et votre concentration, votre temps et votre argent. Les dépenses informatiques sont un des postes budgétaires les plus importants pour les gens de nos jours. On fait davantage attention au matériel qu'on achète qu'au navigateur qu'on choisit ou aux messages qu'on partage. Acheter un matériel vous enferme dans un choix culturel qui dure bien plus longtemps que notre changement effréné de logiciels ou de sites.

Avec l’avènement d'appareils mobiles bon marché, l'augmentation du débit des réseaux et la baisse du coût d'accès à Internet, la bataille pour le Web est une bataille d'entreprises pour ce que vous choisirez de mettre dans votre poche intérieure, comment vous emploierez votre temps et ce que vous serez prêt à acheter.

Si la bataille pour la magie de pouvoir surfer sur le Web s'est jouée entre Microsoft et, hum, « le reste du monde », la bataille pour un Web ouvert se joue entre Apple et Google. Mozilla contre Microsoft, David contre Goliath, n'y pensez même plus : ce ne sont que des faire-valoir. Amazon s'avance lentement, mais pas pour cette bataille-là1. Apple est une entreprise intégrée de façon entièrement verticale qui s'emploie à la fois à enlever le Web de son iPhone et iPad, et à le remplacer par des applications spéciales que les développeurs doivent soumettre pour approbation au quartier général de l'entreprise. Le contrôle est total.

Pendant ce temps Google, s'édifiant sur une suite de choix stratégiques de logiciel libre et open-source, crée un système d'exploitation ouvert, Android, que n'importe quel fabricant peut déployer sur ses plateformes. Même des compagnies autres que Google, et donc pas vraiment aussi « cool », peuvent aujourd'hui se contenter d'installer Android, concevoir un thème graphique, et faire leur entrée dans le XXIe siècle. 

Une intégration accélérée

Les stratégies de Apple et Google ont ceci de commun qu'elles dépendent d'une intégration toujours plus rapide des couches matérielles et logicielles du navigateur. Pour Apple, il s'agit de contrôler le plus possible ces deux couches, pour vendre le plus possible d'appareils et contrôler ce qui est vendu. La gratuité n'a aucune place sur les appareils d'Apple : même les développeurs qui créent des applications doivent payer 99 dollars par an pour avoir une chance de capter votre attention. Rien n'est gratuit2.

Google joue le rôle des mecs cool et ouverts, qui offrent des repas gratuits à leurs employés. Un vélo électrique pour tout le monde ! Plus la partie d'Internet qui est gratuite et ouverte s'étend, plus s'étend le terrain où Google peut placer des publicités, et donc faire rentrer de l'argent dans ses poches. Google a besoin de vous ; il a besoin d'un Web ouvert.

Avec les produits et logiciels d'Apple, on revient à la grande tradition de monopoles de l'ère Microsoft. Cette fois c'est Apple qui possède un monopole complet sur le contenu et le matériel. Les produits intégrés coûtent moins cher à fabriquer, ils apparaissent comme par magie et fonctionnent immédiatement. Les applications proposées fonctionnent, mais elles ne sont pas le Web. Le monde fin 2010 est un monde où Apple contrôle tout ce qui peut être mis sur ses appareils, les batteries sont soudées dans leurs produits et les ventes de leurs non-ordinateurs — iPhones, iPods ou iPads — explosent. Un jour, Apple pourrait tout simplement désinstaller son navigateur Web puisque d'après eux personne ne l'utilise. Pourriez-vous imaginer un avenir où la fondation Wikimedia, l'organisme qui maintient Wikipédia en vie, devrait payer 50 millions de dollars par an pour que tout le monde puisse accéder à un savoir gratuit sur l'iPad 4 d'Apple ? C'est tout à fait possible à la vitesse où s'intègrent matériel et logiciel pour former le navigateur ultime du Web fermé : l'iPad, fruit défendu dont rêve le consommateur. La modularité, c'est du passé.

Ce que promeut Google, les geeks du coin, c'est exactement la stratégie inverse. Pour eux, le succès se mesure à l'audience. Alors que Google a construit son navigateur, Chrome, sur la même technologie standard qu'Apple utilise à la base de sa couche d'application, WebKit (Apple Safari sous sa forme d'application), Google combat Apple en étant installé sur davantage d'appareils, et plus vite. Plus le Web s'ouvre, plus il accueille de publicités. Plus les espaces sont publics, mieux l'on peut voir les publicités dans la rue.

Apple veut que vous achetiez plus de choses, et Google veut que vous cliquiez sur plus de publicités. Le champ de bataille n'appartient cependant qu'à vous : quel matériel vous laissera le contrôler et vous permettra de vous battre pour un Web ouvert ? C'est une des lignes de front les plus faibles de la lutte pour le Web ouvert. Il s'agit à la fois de la conquête d'un navigateur web libre, et d'un nouveau combat pour créer du matériel ouvert et libre.
De nouveaux projets apparaissent à l'horizon, tels que la carte électronique de base Arduino, qui se répand comme une trainée de poudre dans le monde entier3 . Il existe également un minerai pur et brut, au sens Libre : le mouvement de matériel copyleft dirigé par le projet Qi Hardware4  qui tente de publier tous les plans et logiciels nécessaires pour construire et utiliser du matériel. Votre combat pour le Web ouvert ne peut s'arrêter à la frontière artificielle entre logiciel et matériel.

Tant que le matériel qui se connecte avec votre technologie humaine ne sera pas complètement libre, au sens de logiciel libre, la bataille pour le Web ouvert ne pourra être gagnée.

  1. http://neteffect.foreignpolicy.com/posts/2009/10/07/amazon_goes_global_sort_of^
  2. http://www.pcworld.com/article/194318^
  3. http://qi-hardware.com/^
  4. http://qi-hardware.com/^

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